Ceux qui s’attellent à mémoriser l’histoire du pouvoir législatif en Tunisie vous diront que celui-ci n’a jamais été aussi compromis et réprouvé que du temps du Parlement gelé. La plupart des députés en exercice sous l’hémicycle inspiraient autant le sens de l’irresponsabilité que le manquement aux devoirs.
Incapables de tirer les débats ver le haut, notamment au-delà de ce qu’ils ne cessaient de laisser entrevoir, la plupart ne manquaient pas seulement de vécu et d’expérience, mais s’étaient permis, sans scrupule ni retenue, les dérives et les dépassements qui avaient provoqué chez les Tunisiens la déception et la désillusion. Le cumul de tant d’égarements, de dérèglements et même d’aveuglement a fi ni par avoir raison de la vie parlementaire. Il fallait certainement intervenir pour remettre les pendules à l’heure et surtout renverser une trajectoire plus que jamais déclinante. Le gel de l’ARP n’était pas en fait une décision facile à prendre.
Mais on arrive aujourd’hui à admettre qu’il n’y avait pas d’alternative. Les principaux responsables qui étaient liés de près ou de loin aux affaires de l’ARP se contentaient de constater. Ils avaient même pris l’habitude de se démarquer, voire de se disculper, au moment où ils étaient appelés à réagir.
Qu’ils aient été ou non impliqués dans les dérapages d’élus du peuple, devenus par la force des choses incontrôlables, ils avaient tout simplement ajouté à ce tableau sombre un déficit d’action et d’arbitrage évident. Il n’est, cependant, jamais trop tard. Autant il est nécessaire aujourd’hui pour les députés nouvellement élus de tirer les enseignements des dérives de leur prédécesseurs, autant le « rêve » de la réhabilitation est permis.
Principale recommandation: l’ARP ne peut plus être laissée au pouvoir de quelques personnes et d’une seule vision. Dans sa nouvelle version, elle devrait passer par une sérieuse remise en question pour entrer dans le moule et mériter la confiance de ceux qui ont voté pour les députés.
Les Tunisiens leur ont fait confiance, et le devoir de ces élus est de leur renvoyer l’ascenseur. Tout, ou presque, est ainsi transformé : d’une Assemblée critiquée et vilipendée, l’on passe à un environnement plus « sain » et pouvant réellement se projeter dans l’avenir. De toutes les façons, face aux avilissements du passé, dans le message que les nouveaux députés sont appelés à transmettre, dans leur expression collective, l’optimisme reste la foi de la nouvelle ARP. Mais sa raison d’être, son mode d’emploi et ses défi s ne sauraient avoir de sens qu’à travers les actes. Et pas seulement et les promesses et les paroles…
Brahim
5 mars 2023 à 20:50
Je suis d’accord avec vous. Oublions le passé. Mais, à moins de n’y avoir pas fait attention, la nouvelle assemblée élue a t-elle commencé à siéger et travailler sur des textes législatifs pour sortir le pays de l’état d’exception décrété depuis juillet 2021 ?